Les « partis frères » devraient se garder une petite gêne à l’approche des élections générales.

Dans le Quotidien du 24 juin dernier, Hélène Buzzetti évoque le malaise que pourrait créer, lors de la prochaine campagne électorale, l’appui du Bloc Québécois au Parti Québécois dans les circonscriptions où l’appui des électeurs semble aller plutôt vers la CAQ. Le Bloc, bien qu’indépendantiste, se donne pour mission de défendre les intérêts du Québec à Ottawa. Ce qui inclue de soutenir les revendications légitimes du gouvernement du Québec, quelle qu’en soit l’allégeance politique.

Dans le même Quotidien du 28 juin, M. Paul Crête lui répond que le caractère indépendantiste du Bloc justifie pleinement l’appui au « parti frère » qu’est le PQ, qui lui aussi embrasse la cause indépendantiste. Il reproche à madame Buzzetti d’oublier cette pièce maîtresse à son analyse.

Je me permets aujourd’hui d’ajouter une autre pièce à l’analyse. Il n’y a pas seulement un parti indépendantiste au Québec. Outre le PQ, il y en a au moins deux autres, dont l’un, Québec solidaire, a davantage de députés à l’Assemblée nationale que le PQ, et l’autre, nouveau venu, Climat Québec, est dirigé par Martine Ouellet. J’ajoute qu’il y a probablement des indépendantistes à la CAQ et qu’il y en a encore davantage en dehors des partis politiques existants.

Dans un tel contexte, et compte tenu de la mission que se donne le Bloc à Ottawa de défendre les intérêts du Québec nonobstant son option indépendantiste, les porte-paroles et instances de ce parti devraient éviter d’appuyer quelque parti et laisser les membres ainsi que leur électorat agir à leur guise lors des élections québécoises. D’autant plus que l’électorat du Bloc n’adhère pas nécessairement à la cause indépendantiste. Cela respecterait la diversité des allégeances et pourrait prévenir des tensions inutiles dans les rangs du Bloc Québécois.

Je suis moi-même membre de QS et du Bloc Québécois. Lors de la dernière assemblée générale du Bloc dans ma circonscription, j’ai eu le désagréable sentiment d’exclusion lorsque j’ai entendu des dirigeants parler de l’appui à donner au « parti frère » (ie le PQ) lors des élections à venir. Depuis longtemps je dénonce cette attitude sans grand succès malheureusement. On se demandera ensuite pourquoi le Bloc a du mal à recruter ailleurs que dans ses talles habituelles.

Je tiens à rappeler que lors des élections fédérales, il est interdit aux instances et porte-paroles de QS d’appuyer quelque parti fédéral, les membres sont invités à s’engager pour le parti de leur choix. Plusieurs soutiennent le NPD, d’autres le Bloc ou le Parti Vert.

Le Bloc québécois aurait avantage à imiter Québec solidaire aux élections générales québécoises.

Les vieilles habitudes des anciens « partis frères » devraient faire place à un peu de retenue, s’il est encore souhaitable pour eux de reconnaître la diversité politique et de construire des ponts entre les indépendantistes. À tout le moins, n’ajoutons pas de l’huile sur le feu inutilement.

Pierre Dostie, Chicoutimi

Publié par pdostie

Militant politique depuis une cinquantaine d'années dans le mouvement syndical, communautaire et de solidarité internationale. Après un intense engagement dans le processus de rassemblement et d'unification de la gauche québécoise ces 25 dernières années, je me consacre en ce moment aux luttes du mouvement écologiste devant l'urgence climatique actuelle. Comme père et grand-père, je m’inquiète pour l’avenir de l’humanité et je m’inquiète aussi de l’humanité elle-même, qui se fracture sur des bases imprévues, où les débat d’idées, le jugement, la nuance et la tolérance se font rares. Dans ce combat pour l’égalité, la justice sociale et le triomphe du bien commun, nous avons besoin de paroles radicalement rassembleuses.

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